HDJ: Prise de tête au boulot. C'est rarissime, mais le chercheur concerné est vraiment venu à bout de ma patience.
Pour vous situer un peu le contexte, je le connais depuis plus de 3 ans, et jusqu'ici, tout s'est toujours parfaitement bien passé avec lui. Il n'est d'ailleurs pas rare qu'il s'attable avec nous le midi pour y aller de son anecdote ou de sa blagounette.
Sauf que depuis quelques semaines, le monsieur en question se montre particulièrement oppressant. Car il faut dire qu'il est beaucoup plus présent qu'à l’accoutumée. En ce moment, son emploi du temps fait qu'il est là tous les jours. Et tous les jours, il a des besoins impérieux auxquels il faut répondre dans la seconde, sans quoi il revient à la charge continuellement. En gros, il faut tout arrêter pour lui dès qu'il en a besoin.
Mon patron et moi en avons déjà fait les frais il y a un mois. Ne pouvant répondre à l'une de ces requêtes (nous avions pris la peine de lui expliquer en long, en large et en travers pourquoi nous n'étions pas en mesure de donner suite), il a largement outrepassé ses droits en rédigeant un mail à notre place, dans lequel il exposait sa requête à l'organisme avec lequel nous étions en pourparler. Il a bien failli foutre le projet en l'air.
Mon patron était furieux, et moi aussi. Heureusement, ce fut sans conséquence. A l'époque, mon patron s'est donc contenté de lui faire une remarque en disant qu'il ne faudrait pas récidiver (ce que le monsieur en question a - au passage - très mal pris). Mais nous nous disions qu'après cette déconvenue et cette mise au point rapide, les choses se calmeraient d'elles mêmes.
Malheureusement, il a en fait continué de plus belle.
Il se trouve en effet que mon patron est en congés pour une semaine... et j'ai bien l'impression que le bonhomme entendait en profiter pour faire de moi son assistante particulière, assistante qui - naturellement - ne pourrait pas lui dire non.
Mardi, il m'a ainsi demandé de contacter un organisme de recherche pour une question contractuelle. J'ai refusé, lui expliquant que seul le porteur du projet (mon patron, donc) était habilité à le faire. Non satisfait de ma réponse, il s'est alors montré très lourd et très insistant. Embarrassée, j'ai fini par envoyer un sms à mon directeur pour lui demander si je devais malgré tout donner suite à la requête. Réponse du patron (sans ambiguïté) "Non. On voit ça lundi à mon retour". Ce qui n'a évidemment pas contenté l'impatient.
Le lendemain, rebelote. Le type me demande à nouveau de contacter l'organisme de recherche (le même que la veille), pour une question de budget, cette fois-ci. J'ai commencé par refuser (pas par mauvaise volonté mais parce que la réponse de mon patron la veille avait été claire). Voyant que le gros lourd ne lâcherait pas, j'ai fini par céder ...
Devinant mon malaise, le type m'a alors juré que si mon directeur venait à me le reprocher, il prendrait ma défense en expliquant bien qu'il ne m'avait pas laissé le choix... J'espère au moins qu'il tiendra parole sur ce point (ça ne m'inquiète pas beaucoup: mon patron et moi avons d'excellents rapports. Mais bon, faire un truc à sa place sans son accord, c'est quand même bien moyen...)
A ce moment-là, je pensais enfin pouvoir être tranquille. Mais c'était sans compter sur le caractère obsessionnel de mon collègue... Voilà qu'hier il me demande de rédiger un courrier. Je ne veux ni ne peux trop détailler ici, mais il est vite devenu évident que le contenu de cette lettre ne pouvait pas ne pas être validé par mon chef. J'en fais donc la remarque au bonhomme. Je lui dis que j'accepte de rédiger un premier jet, mais que celui-ci sera soumis au visa de mon directeur lundi matin avant envoi. Le type ne cache pas sa déception (et son exaspération), mais je ne cède pas.
Je pensais pouvoir en rester là... jusqu'à ce qu'il débarque ce matin en me disant qu'il avait réfléchi, qu'il n'avait pas le choix et qu'il devait impérativement envoyer cette lettre aujourd'hui. Là, je n'ai pas/plus pu me retenir.
Littéralement exaspérée, je lui ai (re)dit que ça pouvait parfaitement attendre lundi, et que je refusais catégoriquement d'envoyer un courrier qui engage les activités de mon patron ainsi que les finances de son labo sans le consentement préalable de celui-ci. J'en ai par ailleurs profité pour faire une mise au point sur son attitude plus que limite depuis quelques jours, et lui ai fait comprendre que ça ne devait pas durer s'il voulait que les choses se passent bien.
Mais là encore, rien à faire: le monsieur ne lâchait (toujours pas!) le morceau!!! Lassée et furieuse, j'ai fini par lui dire que s'il voulait envoyer ce courrier, il devrait impérativement appeler mon patron avant, et que c'est seulement à cette condition que je donnerais suite à la requête. Je lui ai en même temps rappelé que mon patron avait déjà été dérangé mardi pour ses beaux yeux, et que je trouvais parfaitement indécent de le déranger de nouveau aujourd'hui...
Et là (le hasard fait parfois vraiment bien les choses), mon portable sonne: c'était ledit patron (qui m'appelait pour des choses n'ayant rien à voir avec le problème qui me préoccupait). J'en profite donc pour lui dire que le chercheur en question veut lui parler et lui explique brièvement l'objet du problème. De nouveau, la réponse a été sans appel: "Non, j'appelais uniquement parce que j'avais des choses à te dire. Dis lui qu'il attendra lundi, comme tout le monde". Je peux vous dire que j'ai bu du petit lait.
Pour résumer (désolée, je raconte toujours ma vie et ne sais rien faire d'autre que des pavés
), tout cela m'a mise à la fois en colère et mal à l'aise. En colère parce que le bonhomme (avec qui je n'ai aucun lien hiérarchique, hein!) a clairement outrepassé ses droits avec moi, et mal à l'aise parce qu'il m'a demandé des choses qui ne relèvaient pas de ma responsabilité (sans quoi, je ne lui aurais jamais opposé tous ces refus).
La conclusion c'est que, finalement, les choses ne se sont pas si mal terminées. Après le refus de mon patron de lui répondre au téléphone, mon collègue a (enfin) semblé comprendre que je ne disais pas non pour le faire ch****, mais bien parce que je ne
pouvais pas m'engager à la place de mon chef. Il s'est excusé. De mon côté, je me suis excusée aussi d'avoir été un peu vindicative... Mais j'espère vraiment que les choses vont se tasser assez vite et que ça ne se renouvellera pas, car je ne me vois pas travailler dans une ambiance de merde à l'avenir.
C'est dingue, quand même, ce que les gens peuvent se révéler lorsque vous les côtoyez tous les jours. Avant, quand il ne venait qu'une fois de temps en temps, c'était l'homme le plus gentil du monde et je lui aurais donné le bon dieu sans confession!
La bonne nouvelle, dans tout ça, c'est que mon patron m'appelait pour me dire qu'il avait de nouveaux projets et que, dans le cadre de ces projets, il allait tout faire pour négocier ma titularisation. Il a objectivement peu de chances d'obtenir gain de cause, mais on peut toujours rêver.
L'autre bonne nouvelle, c'est que les étudiants, ayant tout suivi de l'affaire depuis le début de la semaine, ont redoublé d'humour et de gentillesse pour faire passer la pilule. Je me suis vraiment sentie soutenue, et ça, c'est chouette.