Nous sommes samedi et il fait moche à Paris. Deux bonnes raisons pour ne rien faire tout en faisant quelque chose: c'est à dire rester vautrée dans mon clic clac et en profiter pour regarder en même temps DSK, Hollande, etc., de Julien Brygo, Pierre Carles et Aurore Van Opstal.
Après visionnage, je peux d'ores et déjà dire que ce n'est pas ce dernier documentaire qui changera quoique ce soit à l'opinion (plutôt bonne, au demeurant) que j'ai de Pierre Carles.
Le film a, comme souvent avec lui, le mérite de soulever des questions intéressantes (et pas nouvelles, mais plus que jamais d'actualité) comme le rôle et l'influence des médias dans la campagne présidentielle. Mais il me semble qu'on frise parfois la mauvaise foi et je ne suis pas certaine que la forme adoptée soit toujours pertinente, même si je suis en accord avec les propos tenus sur le fond.
Alors, je lance la question et attends vos avis: est-il nécessaire, selon vous, de piéger quasi systématiquement son interlocuteur en lui cachant la réelle teneur de l'entretien qui va avoir lieu? Est-il indispensable de laisser tourner la caméra lorsque tout est terminé, puis de balancer ensuite certaines phrases qui auront été prononcées "en off"? Pour ma part, je ne me place pas forcément du côté de la morale pour soulever ces interrogations. C'est plutôt que je me demande si ça sert réellement le propos? Ces méthodes sont-elles justifiées? On pourra m'objecter qu'en n'utilisant pas ce type de stratagèmes, Pierres Carles et ses accolytes se priveraient alors des réactions les plus éloquentes et les plus significatives de leurs "victimes"... Peut-être.
Mais, lorsque l'on interroge un individu, aussi con fut-il, est-on obligé de faire le choix de le ridiculiser? Car si cet interlocuteur est aussi con que semble nous le montrer la caméra, pourquoi en rajouter? En rajouter, n'est-ce pas - du coup - forcer le trait? Et si besoin il y a de forcer le trait, alors n'est-on pas en droit de se demander si le discours est vraiment honnête? Là aussi, on pourra m'objecter que Pierre Carles ne cherche pas à être objectif. Il a au contraire un parti pris évident et clairement énoncé. C'est vrai. Mais ça n'empêche pas forcément la mesure. Si?
Je dois dire en revanche que j'ai beaucoup aimé les interventions de François Ruffin (journaliste à France Inter) dans ce reportage. Son discours prend de la hauteur et le débat peut avoir lieu grâce à lui. Pas besoin de stigmatiser un individu en particulier pour démontrer qu'un dysfonctionnement existe.
Je dois pourtant reconnaître que la méthode fonctionne. Car après avoir vu DSK, Hollande, etc., j'ai quand même une furieuse envie de prendre Nicolas Demorand pour taper sur Laurent Joffrin et de rhabiller Denisot et Apathie pour l'hiver...